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La Galerie nationale
Arsenal de Sofia – Musée d’art contemporain
présente
BORYANA PETKOVA
Sans lien de sang

25/07 – 15/09/2024
Vernissage : jeudi 25 juillet 2024, 18h30
Arsenal de Sofia – Musée d’art contemporain (SAMSI), 2, boul. Tcherni Vrah
Commissaire de l’exposition : Irina Batkova

Ces dernières années, la pratique artistique de Boryana Petkova se concentre sur le dessin performatif, représentant l’énergie de l’acte créatif en tant que geste qui donne du sens au contexte dans lequel l’œuvre est réalisée. Les mouvements de la main de l’artiste tracent au crayon, sur différentes surfaces, l’aspiration à atteindre et à maîtriser les territoires physiques de l’espace personnel subjectif. L’exploration des frontières – celles que nous nous fixons et celles qui nous sont imposées de l’extérieur – fait partie de sa philosophie artistique et incarne l’impulsion naturelle de l’homme à recherche de son propre soi. Les récentes performances de Boryana Petkova sont le prolongement naturel de cette pratique : son corps n’est plus seulement un outil pour exprimer des idées, mais aussi un objet d’analyse, et le dépassement des limites se fait en s’enfonçant dans les couches profondes de l’histoire personnelle. Les deux performances qui constituent la base de l’exposition pour l’espace SAMSI tracent les lignes d’une géographie subjective qui part de l’enfance et façonne le présent.

Dans Sans lien de sang, Boryana Petkova présente sans compromis une partie cachée de son monde intérieur, celle que nous réprimons habituellement et que nous ne montrons pas aux autres. Elle place ainsi sa pratique au centre du débat sur le rôle et la signification de l’art en tant qu’outil de recherche de la vérité et sur le prix que l’artiste est prêt à payer. 

Avec le soutien de l’Ambassade de France en Bulgarie / Institut français de Bulgarie, Art Project Depot et MK Productions et le partenariat média de BTA

Galerie Nationale
16 juillet – 20 octobre 2024
Commissaire : Yana Bratanova
Vernissage le mardi 16 juillet, 18h00
Carré 500, place « St. Alexandre Nevski », 1, rue « 19 février »

La Galerie nationale poursuit sa mission et sa politique de faire découvrir au public des auteurs d’origine bulgare ayant reçu une reconnaissance professionnelle hors des frontières du pays. Bistra Lechevalier fait partie des rares artistes conceptuels contemporains présents à l’international. Pour la première fois en Bulgarie, une exposition rétrospective présente l’œuvre de l’artiste.

La liberté est un code primordial dans l’œuvre de Bistra Lechevalier. Ses premières compositions – Vol d’oiseaux (1964), la série emblématique Les fenêtres (Fenêtre bouchée, Fenêtre brulée, Fenêtre blanche) et Chaises blanches des années 1970 sont l’expression de son désir irrésistible de liberté. Créée par Bistra Lechevalier, c’est une machine puissante pour voler au-delà des limites.

Les œuvres de l’artiste sont construites à partir de matériaux naturels et industriels. Elle utilise le plâtre, qu’elle associe au bois, à la paille et au verre, auxquels elle confère une sophistication particulière. Bistra Lechevalier manie habilement le papier, la résine, le caoutchouc, la fonte, le plomb, la fonte d’aluminium et le bronze, le polyester, le caoutchouc néoprène, la surface des miroirs, le tissu, les cordes, etc., à l’aide desquels elle réalise ses rêves et ses idées. Elle transforme la matière avec des transitions douces du volume à la planéité et vice versa avec une capacité innée à rechercher de nouvelles formes.

Des œuvres emblématiques – sculptures, objets, dessins et installations –arrivent à la Galerie nationale en provenance de l’atelier de Bistra Lechevalier et de la collection du Fonds de dotation de l’Enseigne des Oudin à Paris. Parmi les séries emblématiques de l’exposition figure l’installation à grande échelle inédite Après (2024), entièrement adaptée aux caractéristiques spatiales de la salle d’exposition. Les vingt formes sculpturales, s’élevant à une hauteur de 2,5 m, symbolisent l’avenir – ce nouveau commencement lumineux qui s’élève toujours au-dessus de la ruine dont parle Bistra Lechevalier dans le texte La Planète bleue.

Bistra Lechevalier est née à Sofia en 1933. Après le 15 septembre 1946, son père disparaît sans laisser de trace. Au début des années 1950, elle est acceptée à l’Académie nationale des Beaux-arts. Durant ses études, elle a été suspendue, se voyant refuser l’accès à l’établissement d’enseignement. Déterminée à poursuivre ses études dans l’espoir que son père revienne voir ses sculptures, Bistra Lechevalier obtient un diplôme en sculpture en 1962. Elle décrit ces années comme une « période sombre » de sa vie.

À partir du milieu des années 1960, Bistra Lechevalier s’installe à Paris, où elle commence à exposer activement dans de nombreuses galeries emblématiques et à travailler sur ses propres projets pour les espaces publics en France. Ses performances ne restent pas inaperçues auprès de la critique française. Parmi ceux qui ont écrit sur elle au fil des années figurent Alain Oudin, Denis Caminade, Dora Vallier, Jacques de Longeville, Michel Penson et Sébastian Doubinsky. Des critiques positives et des expositions et performances importantes élargissent l’éventail des galeries du monde entier avec lesquelles elle travaille encore aujourd’hui.

Au fil des années, elle réalise de nombreuses expositions personnelles et collectives au Japon (Kobe, Kyoto, Osaka, Nishinomiya). Elle travaille avec les artistes célèbres Takesada Matsutani et Sadaharu Horio, membres éminents du légendaire groupe artistique d’avant-garde japonais « Gutai ». Elle expose également avec Takesada Matsutani à la galerie « Rosa Turetsky », Genève.

L’art de Bistra Lechevalier est présent dans les fonds de prestigieuses galeries mondiales et collections privées: Fonds national d’art contemporain (FNAC), Paris (France), Fondation « Toms Pauli », Lausanne (Suisse), Galerie nationale, Sofia (Bulgarie), Fonds de dotation « Enseigne des Oudin », Paris (France), « Rosa Turestky » ,Genève (Suisse), Collection Yoko Hoshida, Kyoto (Japon), Collection Horio, Kobe (Japon), etc.

L’exposition est réalisée avec le soutien financier du ministère de la Culture, du programme « Culture » de la municipalité de Sofia, de l’Institut français de Bulgarie et d’UniCredit Bulbank AD.

Remerciements à : Alain Oudin, Bistra Lechevalier, Joachim Gliem, Yaroslava Boubnova, Ministère de la Culture de la République de Bulgarie – Direction « Patrimoine culturel, musées et beaux-arts » – Ekaterina Djumalieva et Yuliana Gradinarska, Programme « Culture » de la municipalité de Sofia, Unicredit Bulbank AD, Institut français de Bulgarie, galerie STRUCTURA, Dr. Maria Vassileva, Elena Panayotova, Allianz Bulgarie, Bauhaus, Baustroy Group Ltd., Lord Trans Service Ltd., Studio : Lenz and Co.

Partenaire média : BTA / Agence télégraphique bulgare

L’ambassade de France en Bulgarie recrute un traducteur-interprète à compter du 1er octobre prochain.

OFFRE D’EMPLOI (pdf, 920 kb)

Les candidatures doivent être transmises au plus tard le 26 juillet à l’adresse suivante : presse.sofia-amba@diplomatie.gouv.fr

Face à la guerre – Dialogues européens : « des Balkans à la mer Noire : héritages, identités et trajectoires européennes » – du 13 au 15 juin 2024 à Sofia et Plovdiv

Chers amis bulgares, chers amis de la Bulgarie,

Quelle histoire européenne partageons-nous ?

C’est lors de mon séjour comme ambassadeur de France à Riga que j’ai mesuré, Luc Lévy peut en témoigner, à quel point les Européens dits de l’Est et ceux de l’Ouest n’avaient pas connu la même seconde guerre mondiale. Une situation binaire à l’Ouest, comme l’ont rappelé les célébrations du 6 juin 2024 en Normandie, alors qu’à l’Est, Baltes et Polonais et d’autres étaient pris entre deux feux, avec toutes les conséquences contradictoires qui en ont résulté. Ce que mon père m’a raconté de la guerre, y compris son souhait d’une réconciliation, n’a rien de commun avec le récit qu’en faisait la ministre lettone des affaires étrangères, née dans un camp soviétique à Tomsk en Sibérie, hormis les souffrances. Les romanciers de l’autre Europe en témoignent encore mieux que les historiens, de Sofi Oksanen à Dobromir Bajcev.

Le sujet de la table-ronde est la construction européenne c’est à dire l’organisation d’une coexistence pacifiée entre des nations européennes volontaires, disposées à nouer des compromis politiques et à exercer ensemble certaines compétences souveraines. Elle continue sa marche entamée en 1950.

Je voudrai m’attacher ici à ses contextes historiques et géopolitiques successifs, en commençant par constater ceci : c’est la troisième fois dans son histoire que la construction européenne, doit se déterminer en fonction de la situation stratégique prévalent sur l’ensemble du continent : la première était dominée par la guerre froide des années 1950 ; la seconde a dû combler le vide laissé par l’effondrement soviétique en 1991 et la séquence actuelle a été provoquée par l’agression russe de février 2022.

Ce qui se passe à l’Est du continent est donc une constante historique qui surplombe, sans la surdéterminer, la trajectoire d’établissement d’une Europe démocratique, qui a, par ailleurs et dès l’origine, sa dynamique propre de coopération.

Mais c’est, il me semble, la première fois que nous vivons tous la même histoire, depuis le 24 (pour 24 février 2022) comme le dit l’écrivain-soldat ukrainien engagé volontaire Artem Chapeye dans son dernier ouvrage « Les gens ordinaires ne portent pas de mitraillettes ».  Le 24, jour de l’invasion des Ténèbres écrit-il.

En 1945, le continent a été divisé, division gelée par la guerre froide. Le projet de réconciliation européenne ne concerne que la partie occidentale du continent, sous l’impulsion des Etats-Unis. La diplomatie américaine réussit à faire évoluer la politique française à l’égard de l’Allemagne en suggérant de passer d’une stratégie d’occupation des régions industrielles (Ruhr, Sarre) et de présence militaire sur la rive gauche du Rhin à une initiative de co-fondation, par les Européens eux-mêmes, d’institutions supranationales. Un épisode trop peu rappelé fut l’encouragement explicite que le secrétaire d’État américain Dean Acheson prodigua à son homologue français Robert Schuman : « Je crois que notre politique en Allemagne et le développement d’un gouvernement allemand qui pourrait occuper la place qui lui revient en Europe occidentale reposent sur la prise en main par votre pays du leadership européen pour ce qui a trait à ces problèmes ». Ce courrier, où l’articulation entre le but américain d’une cooptation de l’Allemagne – mal perçue en France – et l’intention française de jouer un rôle moteur, datait du 30 octobre 1949, quelques mois donc avant la déclaration Schuman du 9 mai 1950 qui en est l’application concrète[1].

Le premier gouvernement allemand, dirigé par Konrad Adenauer, venait d’être formé et cherchait à sortir son pays de son statut de paria ; il était donc prêt à faire des concessions pour rallier une union économique, qui lui fut proposée, sur un pied d’égalité, la veille de la fameuse déclaration française, par un émissaire dépêché à Bonn le 8 mai 1950. La relégation infligée par le traité de Versailles de 1919 était oubliée. Konrad Adenauer considérait l’union avec la France comme un moyen de défendre l’Europe de l’Ouest contre une Russie toujours plus pressante militairement. Pour le chancelier allemand, le partage de la souveraineté sur le charbon et l’acier était donc d’un intérêt secondaire. Autrement dit, l’échelle pertinente principale n’était pas l’aire carolingienne du franco-allemand élargi comme le ressasse la légende du projet européen mais celle du continent à réorganiser dans sa moitié occidentale, pour la protéger.

En 1991, l’effondrement de l’Union des républiques socialistes soviétiques sur elle-même et par elle-même créa un vide à combler rapidement.  L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord en fut l’instrument, à la demande expresse des pays ayant recouvré leur liberté ou leur indépendance. Sandy Berger, qui dirigeait alors le Conseil national de sécurité sous la présidence de Bill Clinton – 1993-2001 -, diffusa le concept d’enlargment, en langue française, élargissement, déjà employé par le président Giscard d’Estaing. Et la Communauté devint Union dès l’année 1993. En Europe centrale, le nouvel ensemble à bâtir était baptisé : famille euro-atlantique, pour bien signifier un retour dans l’espace de civilisation européenne, sous le parapluie de sécurité américain. Les critères dits de Copenhague furent formulés – pour faire bref, Montesquieu plus l’économie de marché – pour adapter le processus d’élargissement à la réalité socio-économique des anciens pays satellites candidats, héritiers d’une économie centralement planifiée et du règne d’un État contrôlé par parti unique.

Le « big bang » de l’élargissement de 2004, complété en 2007 (Roumanie et Bulgarie) fut une décision éminemment politique, car une approche au cas par cas, fondée sur le seul mérite, aurait relégué la Pologne en fin de liste, situation inacceptable en termes de géographie politique. Mais il laisse de côté les Balkans occidentaux, ainsi que l’Ukraine, la Moldavie et les pays du Caucase, toujours perçus à Paris et à Berlin à l’ombre de la Russie : quand on est aveuglé – pour reprendre le titre de l’ouvrage de Sylvie Kaufmann[2] – par un point fixe, tout le reste est invisible.

En février 2022, une toute nouvelle séquence a été déclenchée par l’agression militaire et informationnelle russe contre l’Ukraine.

La tragédie ukrainienne a pour effet paradoxal de clarifier définitivement, à moyen terme et dans la douleur, la question des limites finales de l’Europe démocratique. Longtemps, ce sujet difficile des limites extérieures de l’Europe de l’Union a été laissé de côté, car il n’était pas consensuel : il opposait à la fois les partis politiques – une droite Schumanienne démocrate-chrétienne réticente et une ligne libérale à la Jean Monnet plus allante – et les États-membres entre eux, en fonction de leur expérience passée et de leur position géographique. Seule la diplomatie américaine a su, avec une constance remarquable, exposer une vision claire de la configuration finale recherchée : regrouper tous les pays membres du Conseil de l’Europe, à l’exception de la Fédération de Russie et de la Biélorussie. Car c’est dans l’intérêt des Etats-Unis.

Les limites finales à venir de l’Europe de l’Union sont donc clarifiées par l’agression russe – le cas de la Biélorussie reste ouvert, en raison de la consistance de l’alternative démocratique – mais elles envelopperont un ensemble beaucoup plus hétérogène et donc divisible car vulnérable, dans plusieurs pays, à des influences extérieures. C’est à ce moment de clarification que le grand allié américain est, pour des raisons de politique intérieure et de priorités extérieures, structurellement moins engagé dans les affaires européennes (Ukraine exceptée, pour l’instant), comme s’il en venait à considérer que sa mission de réorganisation de l’Europe démocratique était en voie d’achèvement.

Et à l’Est, la Russie poutinienne est et restera durablement agressive, à moins d’un changement d’un véritable régime, qui ne peut provenir que d’une défaite militaire comme l’histoire de ce pays nous l’enseigne. Cette menace aggravée implique que les décisions de défense et de sécurité à prendre par l’Union européenne puissent rapidement être arrêtées à la majorité qualifiée. Rien ne semble empêcher de les dissocier de la politique extérieure de l’Union, qui concerne l’échelle de son rapport au monde. C’est à mon sens la priorité d’une Europe « géopolitique », qui ne peut advenir que si elle est capable de se défendre seule.

Le processus d’élargissement devient géopolitique.

Huit pays de l’Union Européenne sont frontaliers de la Russie et de l’Ukraine et cinq (ou six avec l’Italie) le sont avec pays candidats des Balkans occidentaux. Soit treize ou quatorze pays sur un total de vingt-sept.

            Rappelons ici que la procédure d’élargissement repose sur l’unanimité dans toutes ses étapes : octroi du statut de candidat, ouverture des négociations, clôture des chapitres, décision finale d’adhésion. Ce principe de consensus préserve les intérêts de chacun des États-membres à chaque étape du processus et réduit le risque de blocage en fin de parcours, tant lors de la décision du Conseil que de la ratification nationale. Un passage à la majorité qualifiée risquerait d’affaiblir le consensus. Ceci signifie que chacun des vingt-sept États-membres a une voix égale au chapitre, sur la base de ses intérêts nationaux, même si l’intérêt général européen n’est pas négligé, et que les contentieux, qui ne sont pas négligeables (minorités et langue, rapport à l’histoire et frontières, terrestres et maritimes, droit de vote et double nationalité), peuvent être abordés en amont.

Les États-membres frontaliers pèseront dans les débats au prochain Conseil européen de juin 2024, dans le sens d’un « oui mais » en faveur de l’Ukraine. Ce sera la première fois que la future limite extérieure de l’Europe de l’Union coïncider avec une ligne de front. Il convient d’en anticiper les conséquences et les mesures à prendre. Plus des garanties de sécurité, des arrangements de sécurité, de format bilatéral, sont urgents à mettre en place entre l’Ukraine et plusieurs États-membres ; le travail a commencé. La France veut accélérer le mouvement en faveur de l’Ukraine, avant la présidence hongroise du Conseil européen et la transition institutionnelle consécutive à la mise en place d’une nouvelle législature.

Les réalités complexes des Balkans occidentaux ne plaident pas pour une adhésion en bloc régional. L’État central ne fonctionne pas en Bosnie-Herzégovine à la viabilité très incertaine ; le Kosovo reste instable et n’est pas reconnu par cinq États-membres de l’Union européenne ni par la Serbie, tant qu’une rectification mineure de frontière n’est pas agréée entre Belgrade et Pristina alors que les bases d’un règlement sont connues. La prudence s’impose et on voit bien que des conditions spécifiques de règlement des contentieux et des tensions est un préalable à toute avancée.

Je soutiens la formation d’un cercle (temporaire) d’États associés à certaines politiques, au-delà des utiles rencontres informelles de la Communauté politique européenne. Une formule proche d’intégration graduelle est conforme à la nouvelle méthodologie de négociations d’adhésion mise en place en 2020 : ouverture de l’accès à certaines politiques de l’Union européenne aux pays candidats avant leur adhésion pleine et entière, qui soutient le caractère incitatif du processus (« « more for more »). Il est temps de sortir du choix binaire du « tout ou rien » afin de réponse aux aspirations des Ukrainiens en guerre et des sociétés balkaniques qui aspirent à une vie ouverte et pacifiée.

Ce sera sans doute une voie pour favoriser l’européanisation des Balkans, comme l’a formulé un autre écrivain, albanais, Ismaël Kadaré il y a déjà vingt-cinq ans (Le Monde, 16 avril 1999). C’était en pleine guerre de Kosovo. Il dénonçait un long oubli après Yalta et surtout notre méconnaissance de l’histoire et nos préjugés. Il rappelait également que l’Allemagne avait, après 1945, procédé à un exorcisme collectif alors qu’on n’a vu et ne voit rien de tel chez les élites russes qui ont fermé Mémorial deux mois avant le « 24 », réécrit les manuels d’histoire, sous la dictée révisionniste de l’historien chef, selon Nicolas Werth. Il a fallu le drame ukrainien pour cette nation tard-venue sur la carte politique de l’Europe sorte de l’ombre. Il dépend de nous qu’elle ne retombe dans les ténèbres, dès lors que nous assumons une histoire tragique mais enfin commune.

Au-delà des drames, quelles sont les valeurs communes du modèle européen ? C’est un historien attaché à la saisie du « nous » et des « autres », nourri de la philosophie des Lumières, Tvzetan Todorov[3], natif de Sofia en 1939 et devenu français en 1973, qui nous le dit : rationalité, justice, démocratie, liberté individuelle, laïcité, tolérance. Ajoutons-y la place de la pensée critique et le doute, vertu philosophique qui rend les Européens toujours insatisfaits de l’état des choses, à la différence des Américains. Cette identité de l’Union Européenne est mouvante, construite ; elle s’est renouvelée dans les trois dernières décennies, dans le sens d’une bien plus grande diversité : nouveaux peuples, nouvelles langues, mémoires et passés différents. L’enjeu est donc dans l’ouverture aux autres. Il n’y a pas de construction européenne qui vaille sans connaissance de l’histoire et de la culture des autres dans une Europe polychrome. Todorov se réfère à une notation du philosophe anglais David Hume qui s’interrogeait sur ce qui pouvait expliquer l’épanouissement culturel et constatait que la pluralité des États composant l’espace européen était apparemment un élément favorable : « rien ne favorise davantage l’essor de la politesse et du savoir qu’un nombre d’États voisins et indépendants qui sont liés entre eux par des relations commerciales et politiques. L’émulation qui jaillit naturellement entre États voisins est une source évidente de perfectionnement ». [4]

Pour le philosophe, la pluralité crée un espace de liberté, favorisant l’esprit critique étouffé par l’unité. Et Hume oppose la diversité européenne à l’unité de la Chine qu’il décrit, avec les connaissances de l’époque, comme un « vaste empire parlant une seule langue, gouverné par une seule loi, uni dans les mêmes mœurs » mais aussi à un christianisme dont la domination uniforme (« catholique ») a « entraîné la dégénérescence de tout type de savoir » alors que depuis la Réforme et la reconnaissance de plusieurs formes de christianisme un nouveau tournant a été pris dans les arts et les sciences. La diversité donc, comme fondement de nos cultures.

Concluons aujourd’hui avec l’écrivain européen et engagé Erri de Lucca[5]: « Quelle heure est-il ? Tôt le matin, l’Europe se met en route pour l’école. Elle rapport ses devoirs à la maison : lutter contre les poussées en arrière par un élan vers une union plus étroite. Le devoir sera effectué par les meilleurs élèves, ceux du noyau fondateur. Que feront les autres ? ils suivront, un peu à contrecœur, par le chemin des écoliers ». 

Depuis deux ans et demi, les élèves du noyau fondateur ont dû se mettre à l’écoute des pays du front oriental, nourris d’une véritable connaissance de leur grand voisin au projet néo impérial. Avancer dans l’Europe unie suppose bien de prendre en compte la diversité des trajectoires, des passés douloureux comme des aspirations légitimes et d’accepter la friction. Quant aux élèves cités, sont-ils encore les meilleurs, si l’on en juge par les résultats des élections européennes du 9 juin dernier ? Ils devront revoir leur copie sous le regard vigilant d’un Parlement assez stabilisé pour incarner une force de rappel et jouer le rôle bien utile du maitre d’école.


[1] Michel Foucher, L’Union européenne dans le monde, CNRS Éditions, 2022

[2] Les aveuglés. Comment Paris et Berlin ont laissé la voie libre à la Russie, Stock, 2023

[3] L’esprit des Lumières, Laffont, 2006.

[4] Essais et traités sur plusieurs sujets. Essais moraux, politique et littéraires, Première partie, 1742. Éditions Vrin, 1999.

[5] Europe, mes mises à feu (tract Gallimard 2019)

Pour savoir plus : Face à la guerre – Dialogues européens : « des Balkans à la mer Noire : héritages, identités et trajectoires européennes » – du 13 au 15 juin 2024 à Sofia et Plovdiv (institutfrancais.bg)

L’Institut français de Bulgarie en partenariat avec la Toplocentrale et Legrand présente le vendredi 26 juillet une projection en plein air sur grand écran de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024. L’événement est organisé avec le soutien médiatique de la Télévision nationale bulgare et la Radio nationale bulgare.

Dès 18h00, enfilez short et baskets et venez jouer avec nous au beach-volley avec le club Levski et aussi au rugby avec les joueurs de la fédération nationale. Ou si vous voulez passer un moment de détente, la terrasse et le bar de la Toplocentrale seront à votre disposition pour profiter au son du set de DJ Sayulke.

19h30, assistez aux impressionnantes démonstrations de Wushu (nouveau sport olympique aux Jeux olympiques de la Jeunesse à Dakar en 2026) et de Taekwondo présentées par les équipes et fédérations nationale sur la terrasse de la Toplocentrale.

20h30 Début de la projection sur écran géant

20h45 Ouverture officielle de l’événement par l’ambassadeur de France en Bulgarie, Joël Meyer.

Accès gratuit tout public.

Rendez-vous sur la terrasse de la Toplocentrale !

Si vous n’êtes pas à Sofia, mais au bord de la mer Noire, nous vous invitons à visiter les événements parallèles à Burgas, à partir de 19h00 sur la place devant l’Hôtel de Ville et à Varna à partir de 17h00 devant l’aquarium.

« Steel Grass », l’installation du studio français Aérosculpture, arrive en Bulgarie et pour la première fois hors de France, à une échelle jamais vue auparavant.

Cette année SOFIA LIGHTS présentera l’installation « Steel Grass » du célèbre studio français Aérosculpture, qui a réalisé des projets dans des dizaines de pays sur trois continents. L’installation couvrira une grande partie du territoire du parc Vrana puis mettra les voiles vers Courchevel.

L’expérience de ces sculptures mouvantes jusqu’à 20 mètres de hauteur dansant au gré du vent pourra être vécue pendant 4 jours – les 25, 26, 27 et 28 juillet 2024 au parc-musée Vrana, Sofia, lors de la quatrième édition du festival consacré aux installations artistiques immersives. Le parc sera ouvert au public de 9h30 à 21h00.  

Pour la quatrième année consécutive, les visiteurs de SOFIA LIGHTS pourront s’immerger dans une réalité insolite et magique, mais cette fois-ci en journée.

L’ultime objectif reste le même qu’au début, en 2021 : permettre aux citadins fatigués et stressés de ralentir délibérément pour profiter du monde qui les entoure, s’immerger dans la nature, prendre le temps de réfléchir et laisser vagabonder leur esprit.

L’événement est réalisé en partenariat avec la municipalité de Sofia et fait partie du calendrier des événements culturels de Sofia.

25 – 28 juillet 2024
parc « Vrana »
Billets

OUVERTURE OFFICIELLE DE LA 8ÈME ÉDITION DE L’ACADÉMIE D’ÉTÉ D’ÉCRITURE DRAMATURGIQUE « SUMMER SCRIPTWRITING BASE »

19.07.2024
19h00-20h00
Entrée gratuite sur réservation : https://bit.ly/4elBFix

Nous invitons nos anciens élèves, amis et tous ceux et celles qui souhaitent en savoir plus sur la Summer Scriptwriting Base et sa 8ème édition à son Ouverture officielle ! Vous rencontrerez les participants et les mentors et en apprendrez davantage sur le programme de ce fascinant voyage créatif.
L’Académie d’été Summer Scriptwriting Base vous invite à une expérience extraordinaire, une combinaison unique d’école d’été, d’aventure créative et de retraite à la campagne. Chaque été en Bulgarie, l’Académie rassemble des créatifs du monde entier. Les participants acquièrent des connaissances et une expérience approfondies des formes et approches contemporaines de la narration : écriture de scénarios interactive et immersive, conception de jeux et d’expériences, jeux de rôle et intelligence artificielle. La 8ème édition de l’académie sur le thème des « Conteurs du futur » se tiendra du 19 au 28 juillet 2024 à Sofia et Dolen.
Langue de travail : anglais

LES HISTOIRES DE DEMAIN : CONFÉRENCE AVEC CHRISTIAN ROTH

20.07.2024
10h00-13h00
Entrée gratuite sur réservation : https://bit.ly/3RpgTVw
Bienvenue à la conférence d’ouverture du programme de la 8ème édition de l’académie d’été Summer Scriptwriting Base. Christian Roth donnera une conférence sur la manière de créer les histoires de demain. La conférence sera accompagnée d’une séance d’atelier.
Le travail de Christian vise un changement positif à travers des expériences immersives qui encouragent l’expérimentation et le changement de perspective. En tant que psychologue des médias, il intègre diverses disciplines et médias pour engager le public.
Il enseigne et mène actuellement des recherches à l’Université des Arts d’Utrecht, aux Pays-Bas, dans les domaines des récits interactifs, des jeux appliqués et du design significatif. Son travail se situe à l’intersection de la recherche scientifique, de l’art et de l’application pratique. Il explore et évalue l’impact des récits interactifs et des réalités augmentées sur le développement personnel et l’apprentissage transformateur.
Langue de travail : anglais

L’Institut français lance une nouvelle session du Programme d’aide à la publication (PAP).

Le programme d’aide à la publication (PAP) soutient le travail et l’implication d’éditeurs étrangers qui mènent une politique de publication de titres traduits du français, rendant ainsi possible l’accès d’un public non francophone à la création et la pensée françaises contemporaines.

Conditions générales de candidature

Pour cette session, l’appel à candidature est ouvert jusqu’au 28 juillet 2024.

Chaque éditeur souhaitant déposer un dossier devra prendre contact en amont avec l’ayant droit afin de préétablir un contrat de cession et notamment de surseoir au paiement dans l’attente de la décision de la commission. Il n’est pas possible de présenter un titre dont les à-valoir ont déjà été réglés auprès de l’éditeur français.

Pièces nécessaires pour déposer votre dossier :

La commission est composée d’experts du secteur de l’édition française et d’un représentant du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Elle se réunira le 25 septembre 2024.

Elle s’appuie sur l’avis circonstancié formulé par le réseau culturel sur chaque dossier, ainsi que sur les critères suivants :

En contrepartie de l’aide accordée, l’éditeur étranger s’engage d’une part à porter la mention en français « Cet ouvrage a bénéficié du soutien du Programme d’aide à la publication de l’Institut français. », accompagnée du logo de l’Institut français dans les premières pages de l’ouvrage, et d’autre part, à fournir à l’Institut français, par courriel, une image scannée haute définition de la couverture et de la page portant mention de l’aide, dès la publication de l’ouvrage.

L’Ambassade de France en Bulgarie en collaboration avec l’Institut d’administration publique (IPA) propose des formations de courte durée (maximum deux semaines), en français ou en anglais, à des fonctionnaires d’Etat ou des municipalités bulgares chaque année.

Ces formations, programmes internationaux courts (PIC), prises en charge par l’ambassade de France en Bulgarie, sont assurés par l’Institut national du service public (INSP).

La procédure d’inscription aux PIC évolue à compter de 2024. Veuillez trouver ci-dessous la description détaillée de la procédure intégrant ces changements.

Fiche technique sur la procédure d’inscription

A titre d’information préalable veuillez noter que pour vous inscrire vous devrez préparer les documents suivants :

Vous trouverez ci-dessous les programmes internationaux courts pouvant être pris en charge par l’ambassade de France en Bulgarie en 2024:

Formations en françaisLanguePériodeClôture des inscriptionsLien pour inscription
Piloter la transformation numérique de l’administrationFrançaisdu 7 au 11 octobre 202416 septembre 2024Lien inscription
Gestion des crises à l’échelle européenne et internationale : ingéniosité situationnelle et agilité décisionnelleFrançaisdu 21 au 25 octobre 202430 septembre 2024Lien inscription
Femmes dirigeantes : leadership et égalité professionnelleFrançaisdu 4 au 8 novembre 202414 octobre 2024Lien inscription
Défis et enjeux de la politique migratoire européenne et internationaleFrançaisdu 18 au 20 novembre 20249 octobre 2024Lien inscription
Lutter contre la corruptionFrançaisdu 25 au 29 novembre 20244 novembre 2024Lien inscription
Nouvelles pratiques du métier de diplomateFrançaisdu 2 au 6 décembre 202414 novembre 2024Lien inscription
 Formations en anglais    
Negotiating within and with the European Union: European economic diplomacyAnglais  du 24 au 27 septembre 20243 septembre 2024Lien inscription
Leadership and management: transforming public administrationsAnglais  du 30 septembre au 4 octobre 20249 septembre 2024Lien inscription
Urban management and Sustainable DevelopmentAnglaisdu 14 au 18 octobre 202423 septembre 2024  Lien inscription
Organisation of parliamentary workAnglais  du 4 au 15 novembre 202414 octobre 2024Lien inscription
Risk and crisis management at the European and international levelsAnglais  du 2 au 6 décembre 202411 novembre 2024Lien inscription

Pour plus d’informations vous pouvez consulter le catalogue de l’INSP.

La 13-ème édition du Festival A to Jazz vous plongera dans la magie de la musique pendant quatre jours le 4-5-6 et 7 juillet 2024 au Parc du Sud II, Sofia. Une participation française très attendue lors du 3ème jour, consacré aux novateurs à l’improvisation dans le jazz – celle de Cyrille Aimée, le 6 juillet à 21h30 sur la scène principale du Festival. Une jeune femme au succès musical enviable et à la réputation d’excellente interprète.

Dans sa biographie, vous trouverez des histoires allant de Samoa-sur-Seine à New York en passant par la Nouvelle-Orléans. Une nomination aux Grammy Awards en 2019 est certainement l’un des nombreux moments forts de sa carrière.

En visitant la Nouvelle-Orléans, elle est tombée amoureuse de l’énergie et de la diversité de la ville et en a fait sa maison. Se connectant à New York, elle s’associe au producteur/multi-instrumentiste Jake Sherman et ensemble, ils créent son dernier album, A Fleur de Peau. Il sortira sur un nouveau label, Whirlwind Recordings, basé à Londres.

Combinant la profondeur et la sophistication du jazz, l’immédiateté de la pop et les rythmes de danse irrépressibles des Caraïbes, cet album est plus intime et plus accessible que tout ce que Cyril a fait jusqu’à présent.

Entrée libre!

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