LES PARADIS | EXPOSITION DE PAOLO WOODS ET GABRIELE GALIMBERTI
Galerie Synthesis (55, boul. Vassil Levski)
Commissaires : Nadezhda Pavlova and Nikola Mihov
18 avril – 15 juin 2024
Vernissage : jeudi 18 avril, 18h30, en présence de Paolo Woods
La Galerie Synthesis et l’Institut français de Bulgarie présentent l’exposition Les Paradis de Paolo Woods et Gabriele Galimberti, présentée pour la première fois au festival Les Rencontres d’Arles en 2015 et a depuis voyagé dans de nombreux musées et festivals.
Les paradis fiscaux* ont discrètement pris d’assaut le monde en catimini. Les articles et les rapports de plus en plus nombreux sur ce sujet si mal compris sont en général illustrés par des images de plages bordées de palmiers. Est‐ce bien à cela que ressemblent les paradis fiscaux ?
Pendant plus de deux ans, les deux artistes ont visité 13 centres offshore qui incarnent l’évasion fiscale, le secret, et l’extrême richesse, guidés par une unique obsession : traduire en images ces sujets pour le moins immatériels. Du Delaware à Jersey, des îles Vierges britanniques à la city de Londres, du Panama jusqu’à Hong Kong et Singapour, Paolo Woods et Gabriele Galimberti nous font découvrir un monde secret très différent de ce que nous nous plaisons le plus souvent à imaginer.
Paolo et Gabriele empruntent les tropes photographiques et le langage du monde qu’ils étudient. Ils ont réellement créé une entreprise, judicieusement nommée The Heavens, dont le siège social se situe à Delaware où, pour une somme modique et sans documents supplémentaires, chacun peut créer une société à responsabilité limitée en moins de 20 minutes. Le siège de The Heavens se situe dans le même bâtiment modeste qu’Apple, la Bank of America, Coca‐ Cola, General Electric, Google, Wal‐Mart, et 285 000 autres entreprises.
Selon les estimations, en 2015, environ 32 trillions de dollars étaient dissimulés dans des centres offshores du monde entier. Ce montant représente environ dix fois le PIB de l’Allemagne. Les paradis fiscaux ne sont pas une excentricité exotique mais bien un instrument structurel de l’économie mondialisée. Ils aident les particuliers et les entreprises à contourner les réglementations financières et réduire leurs obligations fiscales. Le projet The Heavens nous confronte aux problèmes moraux les plus fondamentaux et interrogent les relations qu’entretiennent public et privé, entreprises et états, riches et pauvres.
C’est un sujet d’extrême importance, car c’est un phénomène mondial qui concerne chacun d’entre nous. Votre plan de retraite, votre compte bancaire, la société à laquelle vous achetez votre voiture, tous ces organismes ont probablement recours à l’offshore pour optimiser leurs obligations fiscales. N’oublions pas qu’une grande partie de ce qui se passe dans les paradis fiscaux est parfaitement légal. Ce n’est peut-être pas moral, mais c’est parfaitement légal. Bien que ce soit légal, lorsque vous essayez d’établir un contact personnel avec ces personnes, beaucoup d’entre elles vous refuseront et ne demanderont pas à vous parler en tant que membre de la presse. J’ai travaillé comme photographe de guerre en Afghanistan et en Irak. J’ai photographié en Iran pendant plus de cinq ans. J’ai également travaillé avec les Chinois en Afrique, qui sont pour le moins réservés à l’égard des médias, mais c’est le sujet le plus difficile sur lequel j’ai travaillé jusqu’à présent, déclare Paolo Woods.
*Les paradis fiscaux sont des endroits où l’on peut investir sa fortune pour échapper aux règles financières de son pays. Il peut s’agir de lois fiscales ou pénales, de lois sur la transparence et la divulgation d’informations ou de réglementations financières. Il ne s’agit pas seulement d’impôts. Il n’est pas nécessaire de transférer sa fortune dans un paradis fiscal. Il suffit généralement que l’entité juridique qui détient cette richesse soit située dans le paradis fiscal – il peut s’agir d’une société fictive, d’un trust ou d’autre chose. L’actif lui-même, votre propriété, peut être n’importe quoi, il peut être situé n’importe où. Il peut s’agir d’un tableau, d’un jet privé, d’un compte bancaire en Suisse ou d’une maison dans un quartier chic de Londres.
Des termes comme « offshore » ou « refuge » sont souvent utilisés, « paradis fiscal » en français ou « Steueroase » (oasis fiscale) en allemand. Ces termes sont destinés à susciter des émotions positives chez les gens. C’est pourquoi les organisations qui luttent contre les paradis fiscaux, comme le Tax Justice Network, préfèrent parfois des termes tels que « juridiction pratiquant la confidentialité ». – extrait d’un essai du journaliste et écrivain britannique Nicholas Shaxon, publié dans le livre The Heavens (Dewi Lewis, 2015).
Le livre de photos The Heavens (Dewi Lewis, 2015) fait office de rapport annuel de l’entreprise de Paolo et Gabriele. L’édition française du livre Les Paradis (Delpire, 2015) sera disponible à l’achat dans la boutique Photosynthesis pendant l’exposition.
CONCERNANT LES AUTEURS :
Paolo Woods est né en 1970 aux Pays-Bas.
Né de parents d’origines canadiennes et hollandaises, Paolo Woods, basé à Paris a grandi en Italie et vécu en Haïti. Membre fondateur de la revue KOMETA et directeur de la photographie de cette même revue, il parcourt le monde et se consacre à des projets au long cours qui mélangent photographie et journalisme d’investigation.
Il a publié huit ouvrages, parmi lesquels Chinafrique, une enquête sur l’essor spectaculaire de la présence chinoise en Afrique. Son travail illustre régulièrement des publications internationales de première importance. Des expositions monographiques lui ont été consacrées dans plus d’une douzaine de pays et ses photographies font partie de plusieurs collections privées et publiques. Il a reçu de nombreux prix, dont deux World Press Photo Awards.
Gabriele Galimberti est né en 1977 en Italie.
Il a étudié la photographie à la Fondazione Studio Marangoni. Il a dirigé un studio de photographie professionnelle et une galerie à Florence avant de devenir photographe à plein temps, réalisant tant des travaux de commande que des projets documentaires personnels.
Il a récemment achevé un voyage de deux ans autour du monde au cours duquel il a produit un travail diffusé dans plus d’une centaine de publications internationales. Trois de ses projets, qui ont fait l’objet d’une parution aux éditions Random House et aux éditions Abrams, connaissent aujourd’hui un vif succès.
Dans le cadre de l’exposition :
19 avril, 18h30 | Rencontre avec Paolo Woods, (en anglais sans traduction en bulgare), auditorium de la NATFA Krastyo Sarafov.
14 mai, 17h00-20h00 | Bibliothèque Photosynthesis – Focus sur les livres photo de Paolo Woods et Gabriele Galimberti, Galerie Synthesis
18 mai, 16h00 | Nuit européenne des musées, visite de l’exposition avec Nadezhda Pavlova, une des commissaires de l’exposition, Galerie Synthesis
30 mai, 18h30 | Projection du film Happy Pills, 2022, réalisé par Paolo Woods, 94 min (sous-titré en anglais), salle Slaveykov, Institut français
14 juin, 18h30 | Projection du film Riberboom (Partners), 2023, réalisé par Claude Bechtold, 99 min (sous-titré en anglais), salle Slaveykov, Institut français
15 juin, 16h00 | Présentation de Kometa, la revue française tournée vers l’Est, Galerie Synthesis
L’exposition Les Paradis est réalisée avec le soutien de l’Ambassade de France en Bulgarie, l’Institut français de Bulgarie et Photosynthesis. Elle est le cheminement du partenariat entre la Galerie Synthesis et l’Institut français, dans de cadre duquel ont été présentés les expositions : Vestiges d’empires de Thomas Jorion (2021), Beijing Silvermine – livres-photos de Thomas Sauvin (2020), Vernacular MashUp de Jean-Marie Donat (2019) et Melos de Guillaume Lebrin (2019).