Architecture et politique au XXe siècle – de l’invention au patrimoine –
L’Iinstitut français de Bulgarie et ses partenaires présentent le forum international « Architecture et politique au XXe siècle – de l’invention au patrimoine – » les 9 et 10 juin 2022. L’évènement est organisé dans le cadre de la programmation en Bulgarie de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne.
Aucun art ne transcrit plus directement la politique des nations que l’architecture, qu’elle opère à l’échelle des ensembles urbains ou à celle des édifices. Et peu d’époques ont vu comme le XXe siècle coïncider des bouleversements aussi considérables que l’architecture et la politique.
Sans prétendre dresser une impossible cartographie d’ensemble, le forum entend confronter certaines des expériences les plus significatives intervenues en Europe entre la fin de la Première Guerre mondiale et la fin de la Guerre froide, en mettant en évidence les liens complexes entre les discours et les stratégies politiques, tout autant que les transformations des langages imaginés et bâtis, dont les édifices monumentaux, conventionnellement liés aux totalitarismes, ne sont qu’une expression parmi d’autres.
Les lignes de continuité et les ruptures repérables entre les années 1920 et les années 1980 seront identifiées. Les modalités selon lesquelles beaucoup des architectures les plus remarquables sont devenues des objets patrimoniaux, parfois au terme de polémiques intenses, seront évoquées, car elles permettent de mesurer l’adhésion des citoyens aux créations des architectes et aux valeurs qu’elles semblent cristalliser.
Langues officielles du forum : français, bulgare, anglais.
Traductions simultanées assurées dans les 3 langues.
Entrée libre.
Brochure en français (PDF, 1.34 MB)
Brochure en anglais (PDF, 1.31 MB)
Le Forum est organisé en partenariat avec : l’Assemblée nationale de la République de Bulgarie, le ministère de la Culture, la Municipalité de Sofia, l’Université de Sofia « St. Clément d’Ohrid », la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société, Sofia, l’Université d’architecture, de génie civil et de géodésie (UACEG), l’Institut national du patrimoine culturel immobilier, la Chambre des architectes de Bulgarie, l’ICOMOS Bulgarie, le Goethe Institut de Sofia, l’Institut Cervantes de Sofia, l’Institut culturel italien de Sofia, l’Institut culturel roumain, l’ Institut français de Paris, l’Institut français de Serbie, l’Institut français de Roumanie et l’Ambassade de France en Albanie.
JEUDI 9 JUIN au NDK – Palais national de la Culture (architecte Barov), salle 8, entrée A4
09h00 Ouverture
S.E. Florence Robine, Ambassadrice de France en Buglarie, M. Atanas Atanasov, Ministre de la Culture, Mme Yordanka Fandakova, Maire de Sofia
09h20 Le « New Bauhaus européen », la force d’un projet, un siècle après : visioconférence
Mme Lauriane Betrand, membre du cabinet de la Commissaire Mariya Gabriel, en charge de la culture et du New European Bauhaus
09h30 Conférence introductive : Le gouvernement de l’espace ou la dimension politique de l’architecture
Arch. Prof. Jean-Louis Cohen
10h15 Session 1 – Nationalisme et modernité, 1918-1939
La période entre les deux guerres a été marquée par les traumatismes corporels, sociaux et mentaux du premier conflit mondial. Le sentiment de sécurité et d’équilibre des années antérieures s’est enlisé dans la boue de la souffrance et des extrêmes. Le rejet de l’ancien au nom d’un renouveau radical fut une impulsion intellectuelle majeure au cours des années 1920. L’universalisme des langages des avant-gardes entra alors dans un dialogue fécond avec les valeurs locales et nationales, interprétées selon des perspectives fort différentes.
Quelle est la relation entre les visions architecturales radicales de l’époque et les stratégies politiques réformistes et totalitaires ? Comment le discours moderne a-t-il coexisté et avec l’éclectisme et le monumentalisme patriotique ? Comment les tensions entre les perspectives sociales utopiques, les visions technocratiques et les attentes des gouvernants façonnèrent-elles le paysage des villes d’une Europe déjà inquiète ?
Good blocks – Bad blocks
Prof. Dr. Angelika Schnell, Académie des Beaux-arts, Vienne
1919-1940 : Derrière les façades de la modernité architecturale en Roumanie
Arch. Dr. Radu Tudor Ponta, Université d’architecture et d’urbanisme Ion Mincu, Bucarest
Architecture et politique en Italie dans les années du fascisme
Prof. Marida Talamona, Université Roma Tre, Rome
Le patrimoine communiste national ukrainien face à la menace russe
Arch. Ievgenia Gubkina, co-fondatrice de l’ONG Urban Forms Centre, Kharkiv
12h30 – 13h30 Débat session 1
15h00 Session 2 – Réalisme socialiste et hégémonie soviétique, 1945-1955
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le fascisme et le nazisme furent balayés, alors que l’URSS stalinienne étendit son périmètre d’influence, exportant les thèmes monumentaux du réalisme dit « socialiste ». Quels sont les langages spécifiques d’une architecture mise en œuvre dans une période en définitive assez brève quoique intense, et comment ont-ils intégré ou rejeté les figures du moderne d’avant la guerre ? Comment les préceptes forgés en Union soviétique ont-ils été infléchis par les cultures architecturales locales, qui restaient en partie perméables aux expériences occidentales ? Et comment cette modernisation en costume historiciste peut-elle être lue en parallèle à celle que pratiqua l’Europe occidentale au même moment ?
Tirana, ou la rencontre de l’urbanisme mussolinien et de l’esthétique soviétique. La forme traduit l’idéologie…
Prof. Dr. Armand Vokshi et Maître de conférences Denada Veizaj, Université polytechnique de Tirana
Le Réalisme Socialiste est-il (Dé)colonial ? Le Palais de la Culture et de la Science à Varsovie, 1952-2022
Dr. Michal Murawski, University College London
Du Réalisme Socialiste en Roumanie. Succès et Echecs
Arch. Dr. Irina Tulbure, Université d’architecture et d’urbanisme Ion Mincu, Bucarest
Le Havre n’est pas Stalingrad-sur-Mer. Le projet théorique monumental d’Auguste Perret
Arch. Dr. Ana bela de Araujo, École Nationale Supérieure d’Architecture, Marseille
La non-synchronicité entre Politique et Urbanisme : l’ensemble du « Largo » à Sofia
Dr. Elitsa Stanoeva, Centre d’études avancées, Sofia
17h30 – 18h30 Débat session 2
VENDREDI 10 JUIN, agence de presse BTA (architecte Zidarov)
09h00 Session 3 – Le moderne retrouvé, 1956-1991
Avec la détente intervenue dans les années 1960 et la poursuite en sourdine de la Guerre froide au cours des années 1970 et 1980, l’architecture européenne a continué à être guidée par les politiques des états, tandis qu’à l’Est, la subordination antérieure des esthétiques aux préceptes de l’État-parti se dissipait. Les aspirations à un mieux-être social et une émancipation relative ont coïncidé avec d’ambitieux projets économiques, culturels et urbanistiques. Dans cette phase, les convergences n’ont pas manqué entre les deux Europe, que ce soit l’accent mis en commun sur l’industrialisation de la construction des logements ou la recherche de formes expressives, irriguée par les œuvres de Le Corbusier, Alvar Aalto ou Oscar Niemeyer.
L’Architecture au sein du Socialisme Global
Prof. Dr. Lukasz Stanek, Université de Manchester
La Modernité Socialiste. L’Architecture en RDA 1950 – 1990
Dr. Thomas Flierl, historien de l’art et de l’architecture, Berlin
En quête de modernité sur la côte
Prof. Todor Krestev, architecte, Sofia
Le cas de la Zone centrale du « Nouveau » Belgrade
Arch. doctorante Jelica Jovanovic, Belgrade
Oscar Niemeyer et les monuments de la culture en France
Prof. Dr. Richard Klein, Lille
11h45 – 12h45 Débat session 3
14h00 Session 4 – La conservation d’un patrimoine polémique
Deux décennies après la fin du XXe siècle, la recomposition du paysage politique européen se conjugue avec l’apparition d’une conscience patrimoniale distincte selon les pays. Les édifices et certains ensembles urbains des maîtres modernes ont fait leur apparition sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Dans le même temps, les sites et les grands ensembles créés par les régimes totalitaires sont devenus des supports de mémoire, tant ils sont liés à la construction du socialisme dit « réel ». Ils en réifient les programmes, suscitant selon les cas une horreur rétrospective ou une indéfinissable nostalgie.
À côté de leur réutilisation à des fins identiques – certaines destinations n’ont pas changé – ou de leur reconversion, la question de ce que signifie leur forme ne cesse d’être posée. En tant que tels, ces édifices sont des documents historiques, au même titre que ceux construits pour les programmes technocratiques de l’Europe occidentale. Ensemble, ils forment le patrimoine pluriel du continent.
Patrimoine contesté: contextualiser les passés difficiles
Arch. Dr. Aneta Vasileva et Arch. Dr. Emilia Kaleva, Université d’architecture, de génie civil et de géodésie (UACEG), Sofia
La marchandisation de l’histoire : architecture et patrimoine en Hongrie depuis 2010
Doctorante Orsolya Sudar, Budapest
Droit d’auteur collectif. Du Palais de Ceaușescu à la Maison du Peuple
Călin Dan, Directeur du Musée national d’art contemporain, Bucarest
Nowa Huta, la jumelle socialiste réaliste de Cracovie – une histoire continue Dr. Dorota Jedruch, Institut de l’histoire de l’art de l’Université Jagellonne, Cracovie
La Stalinallee et le Hansaviertel – oppositions conceptuelles et complémentarité patrimoniale à Berlin
Prof. Dr. Gabi Dolff-Bonekämper, Berlin
16h45-17h45 Débat session 4
17h45-18h00 Conclusions
Modérateurs :
Andrei Țărnea, diplomate, ancien directeur général du think tank Aspen Roumanie
Jean-Louis Cohen, historien de l’art et de l’architecture du XXe siècle, conseiller scientifique du Forum
Georges Angelov, journaliste, animateur et producteur de télévision (BNT), traducteur
Richard Klein, architecte, historien, président de Docomomo France
PFUE