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Carte blanche d’Elitza Gueorguieva / Cycle de documentaires de création

Dans la cadre de l’ Année du documentaire, l’Institut français de Bulgarie a le plaisir de confier, pendant cinq jours consécutifs, les projections salle Slaveykov à l’écrivaine et réalisatrice d’origine bulgare Elitza Guoerguieva. 

Avant-propos d’Elitza Gueorguieva

Je suis très heureuse, à l’occasion de cette Carte blanche à l’Institut Français, de partager des films qui ont marqué le paysage cinématographique en France et qui ne sont jamais ou très rarement montrés en Bulgarie. Ce cycle met à l’honneur le documentaire de création contemporain. Le documentaire d’auteur, celui qui se réinvite sans cesse. Celui de toutes les formes, formats, durées, approches. Celui où la mémoire collective croise l’expérience de l’intime. J’ai réuni des œuvres que je trouve très inspirantes en tant que cinéaste et qui constituent une palette très hétéroclite des cinémas d’aujourd’hui. Très différentes tant dans leurs dispositifs que dans leurs sujets, elles ont en commun un engagement esthétique et une vision singulière et incarnée sur le monde.

La série s’ouvre avec un film phare des années 60, Chroniques d’un été de Jean Rouch et Edgar Morin, et qui marque pour moi l’entrée dans une nouvelle ère de mise en scène du réel. C’est aussi un moment d’invention technique où l’on peut pour la première fois synchroniser le son et l’image ce qui offre un champ de liberté supplémentaire aux cinéastes. Cette liberté du geste créatif est au cœur du film.

Le cycle se poursuit avec des films très contemporains et variés dans leurs formes. Avec Tourisme International de Marie Voignier, nous plongeons dans une visite décalée de la Corée du Nord, guidée par une voix graphique et très décalée qui apparaît entre les images. On poursuivra cette même soirée avec Faire le bois de Lola Peuch, un film qui empreinte les chemins de la fiction pour mettre en scène documents et archives sur le Bois de Boulogne, conté par quelques travailleuses de sexe qui y travaillent.

Avec La Terre du milieu de Juliette Guignard, nous plongeons dans une ferme atypique en France, où une femme s’obstine à réaliser toute seule son rêve pour une agriculture biologique et écologique. Avec Les Invisibles de Sébastien Lifshitz nous allons à la rencontre de couples gay du troisième âge qui nous font part de leur parcours dans une époque où l’homosexualité était encore un délit.

Le cycle se termine avec le très beau Ne croyez surtout pas que je hurle de Frank Beauvais, une véritable féérie composée d’extraits de films de fictions rares qui servent de support pour la voix-off du réalisateur, un récit sublimement poétique et intime sur sa séparation amoureuse.

En espérant vous voir nombreuses et nombreux pendant ces cinq jours de voyage cinématographique.

Les projections se tiendront en présence d’Elitza Gueorguiva et seront suivies d’une session de questions-réponses.

Tous les films sont sous-titrés en langue bulgare.
Entrée avec un billet (tarif standard 8 BGN / tarif réduit 5 BGN) ou une carte d’abonnement.
Les retraités et les abonnés de l’Institut français bénéficient du tarif réduit.
Exclusif ! Tarif promotionnel pour les cinq projections : 30 BGN

AU PROGRAMME:

samedi 22 avril, 19h00

Chronique d’un été

1960, France, 90’, Documentaire, Drame
Réalisateurs : Jean Rouch et Edgar Morin
Avec : Régis Debray, Marceline Loridan-Ivens, Marilu Parolini

En 1960, Jean Rouch et Edgar Morin tentent une expérience cinématographique. Pendant l’été ils ont enquêté sur la vie quotidienne des Parisiens. « Es-tu heureux ? » « Comment vis-tu ? », est la question qu’ils posent à des jeunes gens dans la rue pour tenter de comprendre leur conception du bonheur. Les différents protagonistes, de l’ouvrier à l’étudiant en passant par un couple d’employés, se révèlent lors de conversations, sans se préoccuper de la présence de la caméra. Ce film, sans scénario ni acteurs professionnels, tente de fixer les limites de la vérité cinématographique. Un essai de « cinéma vérité » vécu à la fois par ses auteurs et ses acteurs – hommes et femmes d’âges différents – qui contient l’essentiel sur le bonheur : l’inextricable tension entre poésie et trivialité de nos existences…

dimanche 23 avril, 18h30

Tourisme international

2014, France, Documentaire, 48’
Réalisatrice : Marie Voignier

Comment une dictature se présente à ses touristes? Quel récit, quels acteurs, quelle mise en scène mobilise-t-elle? Tourisme International a été tourné comme la captation d’un spectacle à l’échelle d’un pays, la Corée du Nord. Musées, ateliers de peinture, studios de cinéma ou usine chimique nous sont présentés par des guides nord-coréens dont on n’entendra jamais les voix. Car le film a été entièrement re-sonorisé au montage pour créer de toute pièce un univers sonore déconnecté des discours officiels : tous les sons ont été réenregistrés pour restituer l’épaisseur des espaces, le frémissement des touristes, les gestes des guides, à l’exception des voix. Les guides parlent mais on ne les entendra jamais; et paradoxalement, ce mutisme des discours donne mieux à voir, en creux, la contrainte du régime sur les espaces et les corps.

Faire le bois

2022, France, Documentaire, 45’
Réalisatrice : Lola Peuch

Depuis la scène d’un théâtre de plein air du Bois de Boulogne, Heden, Claudia et Samantha, travailleuses du sexe, racontent le Bois comme leur lieu de travail. Par-delà leurs récits, les paysages du Bois accueillent la voix-off d’une narratrice queer qui raconte des histoires. Partant de sa création sous le Second Empire, alors en pleine expansion coloniale, pour mieux revenir au présent, elle donne à comprendre le Bois comme une chasse gardée de la haute société française où des travailleuses du sexe se sont fait une place depuis plus d’un siècle.

lundi 24 avril, 18h30

La Terre du milieu

2020, France, Documentaire, 57’
Réalisatrice : Juliette Guignard

Camille est devenue paysanne. Comme on dit de quelqu’un vivant avec le pays. Elle a choisi la Creuse, une terre rude et souple, laborieuse et lumineuse. Elle éprouve un rejet grandissant des normes agricoles qui contrôlent sa production. Élever ses trois enfants, prendre soin de ses animaux et de ses plantes, sera toujours plus important que le rendement. En miroir, les enfants apprennent aussi à faire des choix devant les normes que leur impose l’école.

mardi 25 avril, 18h30

Les invisibles

2011, France, 100’, Documentaire
Réalisateur : Sébastien Lifshitz
Avec : Thérèse Clerc

Des hommes et des femmes, nés dans l’entre-deux-guerres; ils n’ont aucun point commun sinon d’être homosexuels et d’avoir choisi de le vivre au grand jour, à une époque où la société les rejetait.
Ils ont aimé, lutté, désiré, fait l’amour. Aujourd’hui, ils racontent ce que fut cette vie insoumise, partagés entre la volonté de rester des gens comme les autres et l’obligation de s’inventer une liberté pour s’épanouir.

mercredi 26 avril, 18h30

Ne croyez surtout pas que je hurle

2019, France, Documentaire, 75′
Réalisateur : Frank Beauvais

Janvier 2016. L’histoire amoureuse qui m’avait amené dans le village d’Alsace où je vis est terminée depuis six mois. À 45 ans, je me retrouve désormais seul, sans voiture, sans emploi ni réelle perspective d’avenir, en plein cœur d’une nature luxuriante dont la proximité ne suffit pas à apaiser le désarroi profond dans lequel je suis plongé. La France, encore sous le choc des attentats de novembre, est en état d’urgence.
Je me sens impuissant, j’étouffe d’une rage contenue.
Perdu, je visionne quatre à cinq films par jour.
Je décide de restituer ce marasme, non pas en prenant la caméra mais en utilisant des plans issus du flot de films que je regarde.

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